Entretien avec Joub, dessinateur de BD en Guyane
Les oeuvres du dessinateur Joub en Guyane
"Il s'appelait Geronimo", "Manuel de la Jungle", "Les jeunes aventuriers"
Scénariste, dessinateur et coloriste de bandes dessinées, Joub (de son vrai nom Marc Le Grand), a beaucoup été inspiré par la Guyane dans ses dernières oeuvres. La qualité graphique de ses dessins se distingue par un charme unique mais équilibré et cette authenticité lui confère un style qui lui est propre. Aujourd’hui, il nous accorde une interview et nous parle de l’influence guyanaise dans ses dessins.
[ Escapade Carbet ] - Vous avez créé, avec Etienne Davodeau, trois tomes d’une BD appelée Geronimo. Vous avez décidé de continuer l’aventure avec le personnage en Guyane avec une nouvelle BD « Il s’appelait Geronimo ». Pourquoi la Guyane ?[ Joub ] - À la fin du premier cycle nous avions laissé Geronimo avec un avenir possible assez sombre. J'ai proposé à Etienne de faire une suite pour lui offrir un avenir un peu plus ouvert. Pour cela, il nous fallait un pays ou certains possibles pouvaient avoir lieu. Nous nous nourrissons de nos expériences et nous avions choisi le Benin pour cela. Je m'installais alors à Cayenne et nous avons décidé de changer de lieu.
Vous faites vivre les aventures du jeune Geronimo dans la ville de Cayenne. Que trouvez-vous d’intéressant dans cette ville ? Comme je l'ai dit, il nous fallait un lieu ou certaines choses pouvaient être crédibles. Je ne veux pas dévoiler l'intrigue mais cela tourne autour de l'identité. J'avais l'impression qu'en Guyane cela faisait partie des problématiques. Pour être plus large, c'est une ville où l'on peut vivre comme en métropole mais aussi une ville où il y a un grand mélange de cultures et d'origines. Je trouve cela très plaisant. La bande dessinée « Manuel de la jungle », créée en collaboration avec Copin et Nicoby, retrace avec humour vos péripéties pendant plusieurs jours dans la forêt Guyanaise. Comment avez-vous été amenés à vous lancer dans cette aventure ?J'ai réalisé avec Nicoby plusieurs ouvrages de reportages. Nous avons proposé à notre éditeur une aventure jeunesse dans l'univers de la forêt qu'Olivier Copin nous a fait découvrir à Nicoby et moi même. Quand l’éditeur nous entendait raconter tous ça, il s’est désintéressé de l'aventure jeunesse et nous a proposé une livre de reportage ce que nous avons accepté. Nous sommes donc partis avec Olivier et Jérome pour qu'ils nous fassent découvrir la forêt et ses plaisirs. Il nous est arrivé pas mal de surprises et nous avons tendance à prendre ce qui nous arrive avec humour. C'est au final un livre dont nous sommes très fiers. En plus, nos copains de métropole nous prennent pour de vrais aventuriers. Ça nous fait bien rigoler.
Dans vos dessins, on retrouve aussi beaucoup de femmes dénudées ouvertes sur leur sexualité. Comment avez-vous été amenés à les rencontrer ? Sur ce volet c'est plutôt un travail personnel qui, pour l'instant n'a pas vocation à être publié. J'ai mené il y a quelques années une série de portrait de personnes vivant en Guyane sur leur vision du pays. Portraits de visages. Lors de ces rencontres, j'ai perçu chez certaines femmes le désir de parler plus particulièrement de leur corps. Du coup, avant l'été dernier, j'ai décidé de rencontrer des hommes et des femmes et de leur demander de me parler de leur rapport au corps. De fil en aiguille, j'ai rencontré de plus en plus de monde. Les gens se livrent assez facilement. Je pense faire des portraits très respectueux des personnes qui se livrent à l'exercice. C'est un travail que je mène ici et en métropole et sur lequel j'ai de très bon retours. Quels sont les lieux et les personnes qui vous ont le plus inspirés pour vos dessins en Guyane ? Sans hésiter c'est à Mana que je trouve le plus d'inspiration. J'adore le bourg et j'ai déjà réalisé un nombre conséquent de maisons en aquarelles. Pour les rencontres, le dessin est une vraie ouverture pour démarrer une discussion. Beaucoup plus que la photo que je pratique également. Globalement, j'ai travaillé mon dessin en Guyane comme rarement j'ai pu le faire en métropole. Je suppose que vous avez eu plusieurs expériences en carbet. Voyager en hamac, c’est plutôt votre style ?J'aime voyager léger. Donc le hamac me convient bien. J'ai quand même du mal avec la forêt ici. Je la trouve très dense et j'ai du mal à l'appréhender. Je suis toujours bien accompagné, alors j'arrive à y prendre plaisir.
Vous êtes plutôt carbet bâche ou carbet traditionnel ?Pour le coup, je suis plus intéressé par le carbet bâche mais le côté confortable du carbet traditionnel me plaît bien aussi.
Racontez-nous une anecdote sympa autour du carbet ou du hamac. Je ne prends jamais de moustiquaire. Pour le reste, toutes mes aventures sont racontées dans le Manuel de la Jungle. Avez-vous d’autres projets en cours ? Peut être une exposition de vos aquarelles ? J'ai sorti chez Plume Verte un livre jeunesse « Les jeunes aventuriers » que j'avais proposé à mon éditeur. Nous en avons sorti un premier tome avant l'été, toujours avec Nicoby et Olivier Copin. Cette année nous réalisons le tome 2. Pas mal de livres prévus en métropole. Pour ce qui est des aquarelles, je continue à en réaliser régulièrement. Je ne peux malheureusement pas faire d'exposition car je vends les originaux au fur et à mesure de leur réalisation. Je n'ai donc plus rien. Il existe cependant pas mal de reproduction en cartes postales et en posters chez divers éditeurs. On peut les trouver au Musée des Cultures Guyanaises, aux éditions Morpho et aux éditions Bois Canon. La librairie Cas'à Bulles suit pas mal mon travail. → Vous pouvez retrouver quelques oeuvres de Joub sur sa page Facebook
MonsieurJoub dessinateur de BD en Guyane… et sur terre.
Bravo pour le parlé vrai ! On te voit, on te suit et on aime ton travail.
Fout ti zwèzo-ya gro !